L’élection n’est qu’une manifestation parmi d’autres du caractère compétitif et conflictuel des oligarchies-pluralistes. En outre, le vote n’est qu’une forme parmi d’autres de participation des citoyens au fonctionnement de ce système politique. De ces deux points de vue — compétition et participation — les mobilisations sociales constituent une autre dimension considérable des oligarchies-pluralistes : leur fréquence et leur diversité caractérisent en partie ce type de système par rapport à d’autres, notamment ceux où les libertés d’expression publique, de manifestation et de mobilisation sont opprimées.
De quoi parle-t-on ? De mouvement social tout d’abord :
un mouvement social est un ensemble d’opinion et de croyance commune à une population qui exprime des préférences pour le changement de quelques éléments de la structure sociale et/ou la distribution de récompenses dans une société.
On parle aussi, de manière plus restrictive, d’un mouvement social (au sens indiqué) qui débouche sur une action collective :
Il s’agit d’un agir-ensemble intentionnel, marqué par le projet explicite des protagonistes de se mobiliser de concert. Cet agir-ensemble se développe dans une logique de revendication, de défense d’un intérêt matériel ou d’une « cause ».
On a implicitement évoqué des mobilisations collectives dans le chapitre sur les groupes de pression. Ces mobilisations sont en effet pour une bonne part le produit du travail de mobilisation effectué par des groupes (syndicats notamment mais aussi des mouvements comme SOS Racisme, le mouvement pour les sans-logis de l’Abbé Pierre, le mouvement en faveur de l’école privée, etc.). Ces groupes pré-existent à la mobilisation proprement dite.
Depuis plusieurs années cependant, on assiste en effet à l’émergence de nouveaux mouvements sociaux qui précèdent, au moins en partie, le travail de mobilisation pris en charge par des groupes de pression. Ce sont notamment les mouvements représentés par des coordinations. On a en a toute une série d’exemples depuis la coordination nationale étudiante de 1986 puis les coordinations d’infirmières, de cheminots, etc.
Ces mobilisation peuvent avoir un effet très fort, notamment dans le cas de retrait de projets de politique publique (ex. : 1986 et le mouvement des étudiants pour le retrait du projet Devaquet ; 2000 et le mouvement des fonctionnaires des impôts pour le retrait du projet Sauter...), voire plus généralement dans les cas de crises « multisectorielles » (ex. : la crise de mai 1968) pouvant conduire à des changements de régime. Cependant, nous n’aborderons dans cette section les mouvements sociaux conduisant à des révolution, contestant la légitimité du type de régime politique et aboutissant à des changements de régime (Cf. Sous-section - Les régimes constitutionnels contemporains).
Dans l’étude de ces mobilisations sociales, on cherche à répondre notamment à deux questions :
- Dans quelles conditions peut apparaître une mobilisation collective ? (Cf. Segment - Les conditions d’une mobilisation collective)
- Comment ont évolué les formes de mobilisation au cours de notre histoire politique ? (Cf. Segment - Les transformations de l’action collective)
Jérôme VALLUY‚ « Introduction - Sous-section - Protestations et mobilisations sociales »‚ in Transformations des États démocratiques industrialisés - TEDI - Version au 31 mars 2023‚ identifiant de la publication au format Web : 64